Trois ans. Déjà. Juste ça. Tu n'en savais rien, hésitant entre les deux bien souvent. Tu savais tout de même que ça faisait trois semaines que tu étais seule. Pour la presque première fois en trois ans, tu n'étais avec personne. Tu ne t'y étais pas attendue. Pas de rôdeur pour cette mort. Juste la vie probablement. Tu ne savais pas comment appeler ça. Jude était passé devant toi pendant que tu rattachais tes souliers, s'installant sur la rambarde du petit pont en bois qu'il y avait, petit pont de promenade dans une forêt. Pour éviter de se tremper les pieds en été. Un crac ce fit entendre, un cri aussi. La rambarde avait cédé et Jude était tombée. Si elle était tombée sur les fesses elle aurait pu s'en tirer, mais elle avait atterrie sur la tête. Morte sur le coup. Tu le constatas quelques secondes plus tard, après avoir pris son pouls. Morte bêtement comme ça. Durant quelques minutes, tu restas sans bouger. Tu ne t'y attendais pas du tout. Au vue des morts de la plupart des compagnons que tu avais eu, tu te seras attendue à un rôdeur. Mort plus au moins normale. Pas à ça. Tu pris finalement ton pied-de-biche, le lui enfonçant dans la tête. Tu revins sur tes pas, sortant de la forêt pour retourner là où il y avait deux voitures s'étant foncé dedans. Tu pris de l'essence, il en restait dans une (dans l'autre tu n'en savais rien, tu n'avais pas vérifié), retournant ensuite là où était le corps de ton... amie ? Tu n'en savais rien. C'était une bonne compagne de voyage, mais elle était plutôt froide. M'enfin, amie ça devrait aller. Tu la brûlas et tu repris la route. Seule.

Quand tu appris la première fois qu'il y avait des marcheurs dans votre coin malgré les frontières fermées, (enfin on les nommaient pas comme ça à l'époque), tu étais à l'hôpital. Tu avais fait une fausse-couche alors que tu étais enceinte de pas encore quatre semaines. C'est ton frère qui t'appris qu'il y avait des morts qui revenaient à la vie en Angleterre malgré la fermeture des frontières. Il était venu te chercher à l'hôpital. Vous étiez à Peterborough. Ton frère, Wesley, y avait ouvert un bar il y avait de ça quelques mois. Tu l'avais aidé en tant que barmaid, quittant le même emploi à Londres. Tu avais beaucoup bougé depuis que tu avais commencé à être barmaid à tes vingt ans. Tu n'aimais pas rester au même endroit longtemps (humpf !). Tu avais choisi ce métier à force de t'intéresser plus à essayer de deviner ce qu'il y avait dans les cocktails qu'on te servait qu'à danser ou t'amuser. Tu appris de d'autres barmans, et tu travaillas quelques mois plus tard. Toi qui n'avait jamais trop su quoi faire de ta vie (sauf peut-être devenir chanteuse de karaoké professionnelle te débrouillant assez bien dans ça), tu ne comptais pas le quitter avant un bon moment. Tu le quittas quand les dits rôdeurs ne laissèrent plus personne boire en paix. Tu ne fus pas la seule en reconversion professionnelle. Fuyards, survivants, tueurs de marcheurs... peu importe. Tout le monde dû changer.

Toi, ça te pris un peu de temps. Sortant de l'hôpital, tu pensais seulement à pleurer sur ton bébé n'ayant pas pu voir le jour. Ton moral était assez bas et sans ton frère, tu aurais laissé les marcheurs faire de toi leur quatre heures. Tu n'as jamais su qui était le père de ton bébé pas né. Avec le rythme de vie que tu avais toujours eu, c'était même plutôt étonnant que tu ne sois pas tombée enceinte avant. Bref, tu avais tout de même décidé de garder le bébé et de l'élever seule. Ton père avait été capable de vous élever seul ton frère et toi après la mort de votre mère, alors pourquoi pas toi ? Tu ne pus jamais le tester. Ce fut plus au moins une chance avec ce qui arriva d'une certaine manière. La fuite. Partir loin des villes, s'adapter. Durant les premiers mois, Wesley et toi vous êtes restés ensemble, apprenant à vous débrouiller dans cette nouvelle époque et toi à refaire un moral, à passer à autre chose. Heureusement que les occupations étaient nombreuses. En fait, après les quelques premiers chocs dus aux apparitions des rôdeurs (parce qu'ils sont pas très beaux à regarder) et après t'être mis en tête que c'était soit toi ou eux, tu te mis à bien aimer les tuer. Ça te défoulait. Tu n'avais jamais été quelqu'un de docile et quand on te cherchait on te trouvait rapidement, et là, avec les marcheurs, tu n'avais aucunement besoin de te retenir. Ce qui était plutôt intéressant.

Durant les quelques premiers mois, vous êtes restez seuls tout en croisant quelques personnes sans ne jamais rester avec elles. Ce qui changea environ cinq mois après le début de l'épidémie, croisant un couple avec leur jeune adolescent. Durant deux ans, vous vous mirent à changer souvent de groupes; de une à quatre personne la plupart du temps, tout dépendant d'où vous alliez, de vos points communs. Vous aimiez bien vous baladez, prendre le temps de faire les touristes malgré tout, d'entrer dans des endroits où vous n'auriez pu jamais mettre les pieds en temps normal. Puis, il y a de ça environ un an, ton frère parti à la chasse n'en revint jamais. Jamais dans son état normal. Partant à sa recherche, tu le trouvas en train d'errer, transformé. Tu ne l'achevas pas tout de suite. Tu n'en n'étais pas capable. Tu grimpas dans un arbre, le surveillant, pleurant aussi. Bien que se soit une option à laquelle tu avais pensé, tu n'y étais pas du tout prête. Durant les heures suivantes, tu continuas de le suivre, faisant attention. Tu lui enfonças un couteau dans la tête et l'enterra par la suite. Tu restas seule quelque temps et rejoins un groupe, ainsi qu'un autre et un autre, comme avant. En continuant de faire attention à tes choix, tu ne voulais pas finir morte ou bien pire. Tu croisas Jude il y a de ça cinq mois et vous restèrent ensemble allant d'une personnes à une autre. Et elle est morte, boom sur la tête. Te voici donc, entrant dans ce coin de pays, attendant la suite de tout ça. Tu te demandes aussi si tu vas croiser d'autres sortes de monstres que les rôdeurs. Peut-être Nessie, qui sait ?