C’est à Galway que naquit Devlin et personne, non, personne n’aurait pu se douter de ce qui l’attendait. Depuis toute petite, la demoiselle semblait avoir beaucoup d’amis imaginaires. Elle leur donnait des noms, leur attribuait des histoires très détaillées et leur parlait sans arrêt. Sauf que pour Devlin, il ne s’agissait pas d’amis imaginaires mais de vraies personnes qui avaient réellement vécus à un moment ou à un autre mais qui étaient aussi morts quand ils s’adressaient à elle. En d’autres termes, on peut dire que ce sont des fantômes. Enfin ça, je vous laisse seuls juges. Peut-être que si vous n’y croyez pas, vous penserez peut-être que ce qu’une cinglée de plus, complètement schizophrène en plus du reste. Et peut-être que vous auriez raison, qui sait ! Toujours est-il que pour la rouquine, c’était bel et bien des ectoplasmes qui venaient de temps à autre lui rendre visite.
Ses parents ont eu du mal à s’y faire et eux aussi, ils n’avaient que deux possibilités qui s’offraient à eux : soit leur fille adorée était folle à lier, soit elle disait la vérité. Ils optèrent naturellement pour la deuxième solution parce que c’est leur fille et puis c’est tout.

La famille de Devlin ne comptait pas que ses parents, elle avait aussi un cousin qu’elle admirait car ce petit rebelle avait décidé de braver les interdits et d’aller vivre en Angleterre. Pas besoin de vous faire un dessin, les relations entre l’Angleterre et l’Irlande étaient quelque peu tendues à l’époque et à ses yeux, son cher cousin n’était rien de moins qu’un héros ! Ce qui fait qu’elle passait beaucoup de temps chez lui. Enfin, quand ses parents lui en donnaient la permission, bien entendu. C’est ainsi qu’elle fit la connaissance d’un jeune homme intitulé Donnie, le voisin de son cousin. Il était grand, fort et beau et si on le lui avait demandé, la fillette aurait juré qu’il fleurait bon le sable chaud. En clair, ce fut le coup de foudre. Oh bien sûr, on peut croire qu’elle était trop jeune pour tomber réellement amoureuse mais elle n’en reste pas moins sûre qu’il était bel et bien son premier grand amour. A sens unique, cela va de soi, six ans d’écart quand on est si jeunes, c’est l’équivalent d’une vingtaine d’années au bas mot et bien qu’elle le suivait partout, qu’elle l’espionnait par-dessus la barrière quand il était dans le jardin et qu’elle lui montrait que ça ne lui plaisait pas trop qu’il ait des petites copines, pour lui, elle n’était jamais que la gentille gamine un peu collante et bizarre qu’il babysittait régulièrement.

Puis du jour au lendemain, les parents de la rouquine coupèrent définitivement les ponts avec Finn, son cousin. Peut-être ne voyaient-ils pas d’un très bon œil que leur petite fille traîne un peu trop souvent en compagnie d’un renégat. Après tout, ils étaient irlandais et fiers de l’être ! Quoi qu’il en soit, Devlin fut attristée de ne plus pouvoir voir Donnie aussi souvent qu’elle le voulait. Mais dans le fond, ce n’était peut-être pas plus mal pour elle, Finn restait quand même toujours en contact avec elle et s’était bien gardé de lui dire que le jeune homme filait un mauvais coton. En revanche, il ne put lui cacher qu’on l’avait retrouvé mort, bien qu’il ait tourné la nouvelle d’une toute autre façon parce qu’elle n’avait que douze ou treize ans.

La suite ? Cancre depuis toujours, Devlin ne voyait pas pourquoi elle devrait s’ennuyer à étudier avec acharnement alors qu’elle pouvait se faire de l’argent grâce à ce qu’elle appelait son don. Plutôt que d’aller en cours, la demoiselle traînait dans les rues en proposant aux gens qu’elle rencontrait de discuter avec un être cher disparu. Elle termina même à plusieurs reprises derrière les barreaux pour ça mais c’était juste le temps de se faire une clientèle régulière. Les premières fois, elle fit un effort, répétant mot à mot ce que les esprits lui disaient mais elle comprit bien vite que c’était plus compliqué qu’il n’y paraissait et qu’il fallait encore trouver le bon fantôme. De plus, ça ne rapportait pas des masses. Jusqu’au jour où elle eut la bonne idée de faire croire qu’à chaque fois, elle trouvait l’esprit correspondant à la personne qui lui tendait ses billets. Non, c’est sûr que ce n’était pas très honnête mais qu’importe ? Ca rapportait gros, c’était ça l’essentiel.

Et dans son sillon, il y avait Ezio, son manager, en quelques sortes. Qui fut plus que son manager. Lui aussi il était grand, fort et beau et une fois de plus, elle aurait pu jurer qu’il sentait bon le sable chaud. Pourtant, il n’avait rien à voir avec Donnie. Toutefois, entre eux, ça dura ce que dure les roses, comme on dit, peut-être qu’ils s’étaient mariés trop vite. Devlin ne le saurait jamais mais elle eut tôt fait de demander le divorce. Impulsive un jour, impulsive toujours. C’est une chose qu’elle regrette encore aujourd’hui. D’autant que ce n’est pas des plus simples de continuer à bosser avec son ex-mari quand on n’est pas sûr de ne plus rien éprouver à son égard.
Soit, entre-temps, elle avait revu Donnie. Elle savait bien que c’était impossible, qu’il était mort il y a de ça des années mais non, elle n’avait pas rêvé ! Par conséquent, la seule explication plausible, c’est que son esprit avait voulu communiquer avec elle. Malheureusement, ce n’était arrivé qu’une seule et unique fois mais ce n’est pas pour ça qu’elle lâche l’affaire, bien au contraire, elle le traque.

Ou en tout cas, elle le traquait. Jusqu’à ce que l’on appelle la Z War, l’invasion des zombies pour une raison toujours inexplicable, il y a de ça deux ans. Devlin, majeure depuis longtemps était retournée voir Finn quand tout est arrivé. Aux dernières nouvelles, Ezio se trouvait à Dublin, lui, mais au fond, la jeune femme est convaincue qu’il est toujours en vie malgré tout ce qu’il s’est passé parce qu’après tout, c’est dans leur gènes, ce sont tous deux des battants ! Par contre, elle ne peut pas en dire autant de Finn qu’elle a perdu de vue suite à une énième attaque de walkers mais qui sait, avec un peu de chance, elle le reverra un jour ou l’autre, tout sourire, c’était tout Finn, ça !
Par sa part, en deux ans, elle a bien voyagé et est arrivée en Ecosse à force de piller les cadavres qui jalonnaient son chemin et c’est un grâce à ça qu’elle a rejoint un petit groupe portant le nom de Kill for Life. Tuer autre chose que des walkers ? Ca non ! Mais les temps sont durs, il faut bien survivre puis, l’avantage avec les zombies c’est que leur esprit ne vient pas vous hanter et les morts ne se plaignent que très rarement de se faire voler, c’est une chance.